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Benaglio, un loup pour défendre le Rocher

Joueurs / 18/07/2017 - 14h12 / Par Thomas S.
    


Au milieu du contingent de jeunes pousses à fort potentiel recrutées par l'AS Monaco cet été, le portier suisse Diego Benaglio, 33 ans, a posé ses valises sur le Rocher pour les 3 prochaines saisons, avec comme objectifs d'apporter de la concurrence à Danijel Subasic et de l’expérience au groupe de Leonardo Jardim. En plein stage de l'ASM dans les montagnes suisses, présentation du régional de l'étape.

Une nouvelle doublure de standing

Romero, Stekelenburg, De Sanctis... A l'exception de la parenthèse Paul Nardi en 2015/16, le staff monégasque a toujours souhaité opposer à son gardien titulaire un remplaçant de stature internationale. En ce mercato 2017, la cellule de recrutement a jeté son dévolu sur Diego Benaglio, référence au poste en Bundesliga et ancien rempart de l'équipe nationale helvète (61 sélections entre 2006 et 2014), qui s'est engagé avec le Champion de France jusqu'en 2020. Déjà pressenti pour renforcer l'effectif Rouge et Blanc l'an dernier avant la signature du vétéran italien, le désormais ex-loup de Wolfsbourg, du haut de ses 455 rencontres officielles en professionnel (38 matches de Coupe d'Europe, dont 14 en Ligue des Champions), viendra titiller la compétitivité d'un Subasic qui n'est, paraît-il, jamais aussi bon que lorsqu'il est sous pression.

Bien que novice en Ligue 1, le nouveau numéro 16 asémiste a déjà quelques connaissances sur certains de ses nouveaux coéquipiers : « J'ai suivi les résultats de l'équipe l'an passé qui a réalisé quelque chose de très fort. J'ai bien sûr aussi suivi la saison de Falcao et la progression de Kylian Mbappé. » Quant à son futur concurrent, « je sais que c'est un grand gardien, il a fait une saison fantastique, il est devenu le meilleur gardien de la Ligue 1. Je suis content de pouvoir travailler avec lui », avait-il déclaré pour le site officiel de l’ASM. Dans le Championnat de France, l'homme aux 44 penaltys arrêtés durant sa carrière retrouvera certains de ses ex-coéquipiers outre-Rhin tels le Parisien Draxler ou le Niçois Dante, et deviendra le cinquième Suisse à porter le maillot de l'AS Monaco, après Alexandre Burger, Umberto Barberis, Marco Grassi et Patrick Müller.

De Spreitenbach a la Nati

Né le 8 septembre 1983 à Zurich, Benaglio commence le football dans son petit village de Spreitenbach, avant d'être repéré par le Grasshopper Zurich. Il y parfait sa formation jusqu'à ses 19 ans, puis traverse la frontière allemande pour signer à Stuttgart. Malgré une apparition dès ses premiers mois pour le compte de la défunte Coupe Intertoto, il passe les trois saisons suivantes en équipe réserve, barré par les Allemands Hildebrand et Ernst. A l'été 2005, il choisit alors de s'expatrier au Portugal, au Nacional Madère, profitant du transfert d'Hilario à Chelsea pour s'assurer une place de titulaire. C'est lors de ce passage dans la péninsule ibérique qu'il croise pour la première fois le chemin de celui qui sera son entraîneur douze ans plus tard : « J'ai joué quelques matches amicaux contre l'équipe de Monsieur Jardim pendant mes deux ans et demi à Madère. J'ai beaucoup progressé là-bas, c'était important. »

Ses bonnes prestations au cours de ses deux saisons et demie en terres lusitaniennes attirent l'attention de Felix Magath qui parvient, en janvier 2008, à convaincre le colosse suisse (1m94, 90 kilos) de le rejoindre à Wolfsbourg pour 4 ans. Entretemps, Benaglio a intégré la sélection nationale, honoré sa première titularisation en juin 2006 face à la Chine et participé à la Coupe du Monde en tant que troisième gardien, derrière Pascal Zuberbühler et Fabio Coltorti. Six mois après son retour en Allemagne, c'est en tant que titulaire qu'il dispute l'Euro 2008, à domicile sous les ordres de Kobi Kuhn.

Dans la cour des grands

La saison 2008-2009 est celle de la consécration. A son terme, le gaucher remporte la Bundesliga, est élu joueur suisse de l'année, et fait l'objet d'approches du tout-puissant Bayern Munich. En dépit du départ de son coach et mentor pour Schalke 04, Benaglio choisit de poursuivre l'aventure avec Wolfsbourg. Au cours des saisons suivantes, la réussite sportive sera moindre, la faute au règne quasi-sans partage des Bavarois et au retour progressif au premier plan du Borussia Dortmund. Le Suisse grappillera tout de même la Coupe et la Supercoupe d'Allemagne en 2015, ainsi que le titre officieux de vice-champion de Bundesliga. Surtout, de par son engagement et sa longévité, il acquiert une place à part dans le club et dans le cœur des supporters du VfL. Nommé capitaine en 2012, il prend part, au cours de ses neuf années chez les Wolfe à 321 rencontres toutes compétitions confondues devenant ainsi le joueur le plus capé de l'histoire du club. De plus, en 259 matches dans l'élite allemande (et pas moins de 837 arrêts), il se classe au second rang des gardiens étrangers les plus utilisés en Bundesliga, 7 matches derrière la légende suédoise de Kaiserslautern Ronnie Hellström.

Fort de sa réussite en club, le grand Diego continue sa progression et s'installe définitivement en tant que numéro 1 dans les buts de la Nati, y compris après l'arrivée d'Ottmar Hitzfeld. Titulaire à la Coupe du Monde 2010, il est l'auteur de performances remarquées et saluées par la plupart des observateurs, et ce malgré l'élimination dès la phase de groupes de son équipe. Échouant à qualifier son pays pour l'Euro 2012, il embarquera tout de même pour un dernier tour de piste et une troisième Coupe du Monde en 2014. Au Brésil, et malgré le cinglant 2-5 encaissé face à la France, la Suisse s'extirpe des poules avant de s'incliner in extremis en huitièmes de finale face au futur finaliste argentin. Au terme de cette compétition, Benaglio annonce sa retraite internationale, souhaitant privilégier son club, et accorder davantage de temps à sa femme Nadin et ses filles Melija et Nala.

A l'été 2016, après les premiers contacts noués avec l'AS Monaco, Benaglio, dont la place de titulaire en club est remise en cause par l'émergence du jeune belge Koen Casteels (25 ans), choisit tout de même de rester une saison supplémentaire. Le désormais marseillais Luiz Gustavo hérite du brassard de capitaine, et le futur monégasque ne dispute que 14 matches durant une saison catastrophique, où son équipe voit passer trois entraîneurs (Dieter Hecking, Valérien Ismaël et Andries Jonker), terminer à une triste 16ème place (sur 18) et n'obtenir son maintien qu'au terme des matches de barrages (deux fois 1-0 face à Brunswick).

A son arrivée à la Turbie, l'Argovien ne cachait pas sa joie : « Après dix années fantastiques à Wolfsbourg, je cherchais une nouvelle expérience, et quand l'offre de Monaco est arrivée, je n'y ai pas réfléchi longtemps. Je suis maintenant très heureux d'être un joueur de l'ASM, de faire partie de ce groupe. J'espère qu'on fera un bon championnat, une belle saison, couronnée de succès ! » Depuis la reprise de l'entraînement le 30 juin, Diego Benaglio découvre son nouvel environnement et ses partenaires : « Je vais tout faire pour apporter mon expérience et tout ce que je peux à l'équipe, j'essaye chaque jour de donner le meilleur. Je parle français, espagnol, portugais, je devrais pouvoir m'intégrer rapidement dans l'équipe. » En renfort de Subasic, où peut-être en Coupes, nul doute que le peuple asémiste réservera le meilleur des accueils à son nouveau gardien du temple.