Il a posé ses valises en terre princière en fin de semaine, Guido Marcelo Carrillo est la dernière recrue officialisée par l'AS Monaco. Transféré pour un montant de 8,8M€ sur les bases d'un contrat de 5 ans, l'attaquant de 24 ans quitte pour la première fois son club formateur : l'Estudiantes de la Plata. Vainqueur du tournoi d'ouverture du championnat argentin en 2010, Carrillo espère rapidement compléter son palmarès sous les couleurs rouges & blanches. Portrait.

Un joueur révélé sur le tard

Ayant des origines italiennes par sa grand-mère (ce qui va lui permettre de ne pas être considéré comme un extracommunautaire) à Magdalena - à 100km de la capitale Buenos Aires et à 80km de La Plata - le petit Guido prend sa première licence avec les Estudiantes et gravit peu à peu les échelons au sein du club surnommé « El León » à cause du félin qui lui sert d'emblème.

Mais le parcours de Carrillo fut semé d'embûches : dès son plus jeune âge, ses éducateurs louaient sa qualité physique mais doutaient déjà de ses aptitudes de finisseur pur.

Finalement, il réalise son rêve au cours de la saison 2010/11 en se voyant offrir 4 bouts de matches par l'entraîneur platense : un certain Alejandro Sabella, qui 3 ans plus tard mènera l'Albiceleste en finale du Mondial.

En 2011/12, Juan Sebastián Verón - ancien n°10 de la sélection argentine - qui pense alors disputer son ultime saison de footballeur professionnel, prend le jeune Guido Carrillo sous son aile et l'encourage à rester à la fin de l'entraînement pour travailler devant le but. Celui-ci ponctuera sa saison de 23 apparitions, et aura fait trembler les filets 3 fois.

La saison suivante, l'Estudiantes voit partir son buteur Mauro Boselli en Europe, et par conséquent Carrillo devient l'attaquant n°1 du club pensionnaire de l'Estadio Jorge Luis Hirschi. Mais le solide gaillard (1,91m ; 90kg) éprouve les pires difficultés à justifier ce nouveau statut, et sa progression semble stagner : en 30 matches, il marque à 4 reprises seulement.

L'un des meilleurs cannoniers de son pays

C'est en 2013/14 que Guido Carrillo enfin se révèle : en 40 rencontres, il trouve le chemin des buts 14 fois, soit un peu plus d'une fois tous les trois matches. Il devient le chouchou des aficionados grâce à sa hargne et sa combativité à toute épreuve, notamment à l'occasion du Clásico Platense disputé face au rival local du Gimnasia - qui retrouve la Primera División après 3 saisons à l'étage inférieur (les anciens monégasques Léandro Cufré et Gonzalo Vargas furent d'ailleurs découverts dans ce club) - où il marque les esprits.

Considéré alors comme l'un des jeunes attaquants qui montent dans le football argentin au même titre que Giovanni Simeone - fils de Diego - et Jonathan Calleri, qui jouent respectivement à River Plate et à Boca Juniors ; Carrillo qui présente des statistiques moins reluisantes commence malgré tout à séduire de nombreux clubs européens comme Anderlecht, les géants portugais de Porto et Benfica, les Italiens de l'Inter Milan et de Palerme ou encore l'OM, Marcelo Bielsa ayant vivement recommandé le joueur auprès de sa direction.

Sa saison 2014/15 est donc sa dernière sous le maillot rojiblanco, même s'il va en retrouver un autre au bord de la Méditerranée... son bilan ? 43 matches, 19 buts et 4 passes décisives toutes compétitions confondues, dont 12 buts en 33 matches de championnat et surtout 7 buts claqués en 10 matches de Copa Libertadores.

Toujours présent dans les grands rendez-vous, Guido Carrillo fait le tour du web en février dernier en inscrivant un but important pour son équipe sur corner, quelques secondes après un vif échange d'amabilités avec un défenseur adverse.

L'appel de l'exil

Malgré le scepticisme dont il fut sujet à ses débuts, Carrillo quitte son Argentine natale avec un joli CV : un titre de champion national, et surtout 42 buts en 141 matches ! Et il faut savoir que ses 22 dernières réalisations furent effectuées lors de ses 60 dernières apparitions. Pas mal, quand on sait que l'Estudiantes est réputée pour être une formation rugueuse loin de pratiquer un football spectaculaire. Martin Palermo - légende des Estudiantes - s'est d'ailleurs exprimé au sujet de ce transfert et dit regretter le départ du « meilleur avant-centre du foot argentin » !

Il sera le premier Argentin à occuper la pointe de l'attaque monégasque depuis 10 ans. Le dernier en date étant Javier Saviola en 2004-2005 ! Cette saison-là, l'ASM avait échoué en 1/8 de finales de Ligue des Champions mais avait terminé 3ème du championnat. Et depuis le rachat du club par Dmitri Rybolovlev en décembre 2011, Guido Carrillo est seulement le deuxième à être recruté après Lucas Ocampos, qui lui était venu de River pour 11M€.

A l'instar de Palermo, d'autres illustres goleadors ont récemment tressé les louanges de Carrillo, comme Carlos Bianchi, Argentin bien connu du championnat de France, ou encore le Franco-Argentin David Trézéguet et ses 62 buts inscrits avec l'ASM, qui s'est exprimé dans les colonnes de L'Equipe :

« C'est un jeune joueur prometteur, qui sort d'une excellente saison. Il a fait ses classes aux côtés d'un grand joueur comme Verón et sous les ordres d'entraîneurs tels que Mauricio Pellegrino et Gaby Milito, qui ont toujours compté sur lui. Avec Monaco, il va encore progresser. Il semble avoir les qualités pour s'adapter rapidement. Ce n'est pas un attaquant très mobile, mais c'est le numéro 9 typique, dans le plus pur style argentin. »

« Il a du flair et n’hésite pas à se sacrifier pour l’équipe, mais il est difficile de dire jusqu’où il peut aller. En tout cas, il a une mentalité très professionnelle, une qualité essentielle pour réussir en Europe. Il me donne l’impression d’avoir la conviction de ceux qui savent, que tôt ou tard, ils vont mettre la balle au fond des filets. » précise Bianchi, qui partage avec Chérif Ghemmour - journailste chez SoFoot - l'idée que le profil de Guido Carrillo est semblable à celui de Trézéguet lui-même.

Il est vrai que Carrillo a de quoi faire trembler les défenses de Ligue 1. Grand et costaud, il est utile en point de fixation, sait remiser dos au but et sa puissance pèse sur les arrières-gardes adverses. Il décroche régulièrement pour participer au jeu et aider au repli défensif. Il est également capable de tenter sa chance de loin car il possède une frappe de balle redoutable. Autre atout non négilgeable : sa présence dans la surface lors des coups de pied arrêtés offensifs comme défensifs.

Talentueux, Guido Carrillo a démarré jeune dans le championnat local mais a dû attendre plus de 2 ans avant de confirmer son potentiel. Alors qu'on prête aux Sud-Américains le besoin d'une période d'adaptation sur le continent européen, « El León » va-t-il griller les étapes et enfiler les buts comme des perles en Principauté ? De notre côté, on l'espère très fort !